Soutenance d’Aysen Sari (7 décembre 2018)
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Le 7 décembre 2018, Aysen Sari, lauréate de la Bourse Sara Marcos de Benveniste 2015, a soutenu à Maison des Sciences de l’Homme, 54 Boulevard Raspail, Paris VIe, sa thèse de doctorat préparée sous la direction de Mme Esther BENBASSA, intitulée « La figure du Juif dans le discours islamiste en Turquie (1946-1980) ».

  • Lieu : Maison des Sciences de l’Homme, 54 Boulevard Raspail, 75006 Paris, salle 9
  • Jury : Mme Esther BENBASSA, M. Hamit BOZARSLAN, M. Dominique AVON, M. Ahmet INSEL.

 

Résumé

La thèse porte sur la manière dont la figure du Juif est perçue et représentée dans le discours islamiste en Turquie entre 1946 et 1980, alors que la pensée et le mouvement islamiste évoluent d’un courant de pensée vers une politique active. Choisie à dessein, cette période permet d’appréhender la manière dont la pensée islamiste commence à apparaître plus librement, depuis l’avènement du système démocratique en 1946 jusqu’au coup d’État de 1980 qui interrompt, pour un temps, la vie politique en Turquie. Essentiellement fondée sur l’activité de la presse islamiste de l’époque, cette étude observe comment la pensée islamiste crée et incorpore ses propres concepts antisémites dans sa vision de la chute de l’Empire Ottoman et des réformes modernistes, qui débutent sous l’ère des Tanzimat et composent plus tard le socle de la République turque. Dans cette perspective, la place de la communauté Dönme est observée car décrite comme une « communauté juive secrète » responsable du mouvement de modernisation, lequel est considéré comme hostile aux valeurs islamiques traditionnelles. Nous examinerons comment les relations turco-israéliennes et arabo-israéliennes affectent la perception des Juifs, en particulier à partir de la guerre des Six Jours, et comment l’islamisme turc s’est imprégné des penseurs islamistes arabes, surtout durant les années soixante. Enfin, la recherche se concentre sur la façon dont les théories du complot tirées du discours antisémite européen, telles que la domination mondiale par les juifs, se transforment en outil de propagande politique du discours islamiste dès lors que l’Islamisme fait son entrée en politique au cours des années soixante-dix.

Abstract

The subject of the thesis centers around how the Jew as a figure is seen and represented in the Islamist discourse in Turkey throughout the years between 1946 and 1980 while the Islamist thinking and movement is developing from an intellectual form to a politically active one. This particular period is chosen with a view to analyzing how the Islamist thinking starts to manifest itself more freely after the transition to democratic system in 1946 until the coup d’état of 1980, which interrupts the political life in Turkey for a certain period. Taking as its reference the Islamist press activity during the era, the research studies how the Islamist thinking created its own antisemitic concepts in its perception of the fall of the Ottoman Empire and the modernist reforms, which began in the Tanzimat era and later composed the identity of the newly created Turkish Republic. In this connection, the thesis also studies the « Dönme community », perceived as a « secret jewish community » by the Islamist discourse and held responsible for the modernization movement, which is seen as hostile towards traditional Islamic values. The research also discusses how the Turkish-Israeli and Arab-Israeli relations affect the perception of Jews especially around the period of the Six Days War, also helping to see how the Arab Islamist thinkers became more influential over the Turkish Islamism particularly in the sixties. Moreover, the research focuses on how the conspiracy theories regenerating from the European antisemitic discourse, such as Jewish world domination, transforms into a political propaganda tool for the Islamic discourse, especially in the seventies once the Islamism enters into the political arena.